Retour au pays

Vacances de Noël en vue. Départ prévu jeudi et arrivée à Paris le vendredi. Normalement tout devrait se passer sans soucis majeur : les gilets jaunes, c’est le samedi ; pas de grève annoncée.

Mais en prenant un taxi samedi 15, je vois sur les panneaux publicitaires le long des routes à Dakar que Macky Sall, le président du Sénégal, inaugure l’autoroute de Touba le 20 décembre : mais c’est le jour de mon départ !

Rapidement, je me rends compte que cela peut poser problème. 

Après quelques recherches sur internet, j’apprends que les chefs religieux Mourides appellent la population à venir fêter cet événement. Ça se complique.

Il faut savoir qu’au Sénégal, l’autoroute peut être coupée sans explication et sans avertissement ou encore que 15 jours auparavant, lors de l’investiture de Macky Sall (il y a des élections présidentielles en février) des collègues sont restés bloqués 4h sans bouger sur cette même route. Bref la circulation est imprévisible.

N’ayant d’autres informations, j’attends lundi pour avoir l’avis de mes collègues ayant une connaissance plus approfondie du pays. Ils sont unanimes : l’accès à l’aéroport peut être difficile. Je décide d’aller voir le proviseur à qui j’apprends la nouvelle. Lui-même est un peu inquiet car il prend aussi l’avion jeudi mais il va se renseigner. 

Le mardi, l’info tombe : Le président sera à Touba et non à proximité de l’autoroute. Le ciel s’éclaircit un peu. Je croise Mr Ba, l’homme qui a gardé notre voiture cette année, qui s’en est occupé pour la visite technique, qui a  emmené mercredi dernier Lucas à l’aéroport et qui doit aussi m’y amener jeudi. Nous convenons de partir directement du lycée jeudi à 16h pour gagner une bonne heure. Il est confiant (mon avion décolle à 23h55). 

Je dois donc m’organiser pour partir jeudi de chez nous avec tous mes bagages pour aller au lycée. C’est là que je suis contente d’être un peu organisée. La veille, le ménage est prêt, les bagages pratiquement terminés.

Jeudi matin, je donne les légumes et les fruits au gardien, je boucle les bagages, coupe l’eau et c’est parti. 

Un taxi, on négocie et 10min plus tard, je suis au lycée avec ma valise, mes 2 sacs à dos. J’entrepose mes bagages dans les archives du CDI et part faire mes 2h de cours. 

À 16h tapantes, je suis dans la voiture de Mr Ba. La. La circulation est dense aux abords du lycée. Nous roulons au pas, sortons le bras de la voiture pour passer aux ronds-points. Rien n’inhabituel. Puis, la circulation se fluidifie. Personne sur l’autoroute. Bref nous arrivons en 1h15 à l’aéroport.

On a droit à 5min au dépose-minute sinon c’est 2000 francs (si vous voulez calculer,  cela correspond aux anciens francs qui ont cessé d’exister en 1960).

La fin sénégalaise du voyage se termine dans le calme. Passage aux douanes sans soucis, embarquement à l’heure et comme régulièrement, je m’endors avant le décollage et me réveille 5h après pour le petit déjeuner. Une nuit courte mais de bonne qualité.

J’attends le TGV pour Besançon en espérant que mon périple français se passera aussi bien.

Notre quartier : les mamelles

Cela fait bientôt quatre mois que nous avons atterri. Les habitudes commencent à se mettre en place. Et l’exploration de notre alentour proche est bien avancée, et nous avons maintenant un réseau raisonnable de points de passages à portée de pieds.

Sans surprise ces lieux où il est probable de nous croiser s’articulent pour au moins la moitié autour de la restauration.

Par ordre chronologique de découvertes, nous avons commencé par manger chez Protea, valeur sûre pour de la bonne viande à Dakar. Tu dois t’en souvenir si tu es un lecteur assidu du blog. On y croise l’ambassadrice d’Afrique du Sud et les employés sont super sympas.

La plage des Mamelles. Après une dizaine de minutes de marche. Un dénivelé dans les herbes hautes débouche sur la petite plage des mamelles. C’est Lucas qui prend le clavier parce que c’est lui le plus habitué du lieu. En effet après une matinée de code un peu éprouvante et pour briser la monotonie de l’intérieur il est temps d’explorer le monde. sauf que à 11 heures y’en a pas des clients. Et y’en a pas tellement des choses à faire. L’avantage étant que l’on peut discuter avec Max et Momo. Et même en wolof si j’avais appris… De la récupération pour la déco, les vieux disques 33 tours et les bidons accrochés sont des véritables produits dérivés dans le sens où on n’a pas de mal à imaginer qu’ils ont dérivé dans l’océan avant d’échouer ici pour servir de sous verre. Niveau restauration rien d’extraordinaire. Je n’ai essayé qu’une viande en sauce plutôt quelconque. Dimanche, nous sommes retournés dans l’après-midi et la plage était plus animée. Les hamacs et les fauteuils étaient occupés par un mélange de toubabs anglophones et francophones. Dans l’eau, toujours des toubabs mais aussi quelques sénégalais. La pollution de l’eau nous tient bien éloignée de cet océan si proche. Lucas a trouvé un joueur de backgammon et Céline a profité de la quiétude du lieu pour finir un Fred Vargas.

L’hotel du phare. Là d’où nous écrivons ce billet. Une autre de ces endroits où la mélanine a tendance à rester en bas. La découverte du lieu est à créditer à l’ancienne propriétaire de notre canapé-palettes Rihanna. L’anecdote complète mérite probablement un article que nous n’avons pas écrit. Mais nous y sommes. Le toit de l’hotel est aménagé et accueille un bar ainsi qu’un four à pizza qui produit aussi des burgers. Et tous les mardis un ingénieux système de projection, constitué d’un rétroprojecteur, un MacBook et une extension de palissade habillée de papier blanc, permet de regarder des films. C’est encore tout prêt de chez donc nous consultons régulièrement la programmation pour une petite soirée en extérieur pendant que nos compatriotes  harassent des fondues à -5°C.

Pour nos 10 ans (non, non, vous n’avez pas loupé notre mariage), nous sommes allés à la Calebasse, restaurant assez chic, toujours près de chez nous. Ayant un peu peur de traverser la 2×2 voies de nuit, nous y sommes allés en voiture. Il faut dire que la circulation est identique de jour comme de nuit : un vague passage piéton respecté par aucun véhicule, et un terre-plein central qui permet juste aux proies des bolides de dire « perché ! » pour éviter l’inégale confrontation. La décoration du restaurant est soignée, les serveuses attentives et les plats délicieux. Bref une très bonne adresse. Merci à Chloé, Stephan, Hanne et Christophe pour cette soirée. En bas du restaurant il y a également une dibiterie. Mais le test se fera plus tard.

Ceux qui ont déjà lu nos articles et notamment l’article du goûter auront déjà eut vent de la Brioche Dorée. C’est ce même jour que nous avons découvert le magasin Tisserands et la galerie Kër Marie. Dans lesquels il ne s’agit pas de manger mais de faire des cadeaux.

Le magasin Tisserand est d’un seul tenant. Il n’y a pas vraiment de rayonnages et les éléments en présentation sont assez hétéroclites. Des châles, quelques meubles, des paniers en osiers. L’intérêt étant que la plupart des objets peuvent être commandés et ajustés sur demande.
Sur la gauche se tient un véritable métier à tisser. Ses fils tendus sur une dizaine de mètres vibrent au rythme de la navette et des pédales actionnées par deux tisserands expérimentés. Il est facile de s’hypnotiser en contemplant les motifs et le tissu se former lentement.

Revenons maintenant à la Calebasse et à sa dibiterie. Une dibiterie c’est de la viande, du feu de bois, de l’oignon, une grille et du poivre. A la calebasse, le tout est accueilli au rez de chaussée du restaurant. Ils ont 3 types de dibi: dibi agneau, dibi poulet et dibi calamar. Nous avons maintenant testé les trois et l’ordre de préférence est : 1- dibi poulet 2-dibi calamar (trop épicé) 3-dibi agneau (viande trop dur).

Il est temps d’ajouter un peu de magie dans ce descriptif bien terre à terre. Le Phare des Mamelles. En haut d’une colline, les quatre faisceaux parcourent le ciel dès la nuit tombée. La danse lumineuse peut être admirée depuis n’importe quel endroit du quartier. Aussi depuis notre toit nous avons une très belle vue. Les étoiles ne sont pas toutes visibles mais le phare nous offre un spectacle pas de son mais lumières quotidien et féérique. Rien de tel pour se donner un petit coup de boost et se dire qu’on a bien fait de quitter notre pâle Mont Blanc. Parce que déjà il tourne pas sur lui même, et fait encore moins de la lumière. Tout comme le Mont Blanc il est possible de grimper jusqu’au phare, mais c’est bien plus à notre portée vu qu’il y a une route goudronnée. Un fois arrivé au bout de la route on se fait racketter de 1000 francs pour accéder à la plateforme. Il est aussi possible de suivre une visite guidée mais nous n’avons pas encore testé. C’est aussi là que se tiennent des soirées assez prisées à  base de musiques de jeunes et dandinements cadencés… oui … c’est juste une boite de nuit.

Parlant de soirées musicales, le dernier endroit ajouté dans notre trousseau est la Galerie Loman Art. Si il y a bien une démonstration que rien ne se voit à Dakar c’est bien par là qu’il faut commencer. Nous avions littéralement le nez devant sans la trouver. Céline en a entendu parlé plusieurs fois et nous avions vu et entendu depuis chez nous des soirées anniversaires (facile à reconnaitre ce chant) mais impossible de déterminer ce que c’était. L’entrée est en fait toute petite et en plein virage. On traverse d’abord une salle quasiment vide parée de tableaux. Mais avec personne pour indiquer quoi que ce soit il est difficile de se dire depuis l’extérieur que la porte opposée  permet d’accéder au patio et donc au restaurant qui sert aussi des petits déjeuners. Les repas servis sont plutôt bons. Même si la présence de nombreuses mouches rend l’expérience moins agréable que ce qu’elle pourrait être sans ces agaçants lépidoptères. Difficile ensuite, même depuis le patio, d’imaginer qu’il faille pratiquement rentrer par effraction dans la maison pour accéder à  la piscine, admirer les œuvres sur les murs et monter sur le toit.

Pour finir le tour du quartier à portée pédestre on ajoute plusieurs collègues de Céline. Dédicaces à Benjamin, Aurélie …🎵  …  tout le crew de  Magalie  …🎵  waw … on est dans la place… waw … à Jérôme … waw … à Mélanie  oué !!!

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Dentiste à Dakar

En juillet, avant de partir, je suis allée faire un tour chez le dentiste afin d’éviter d’en chercher un trop rapidement à Dakar. Eh oui, pour ceux qui ne savaient pas, j’ai (très) peur d’aller chez le dentiste (merci Papa pour tes anecdotes quand tu étais enfant 🙂 et merci au docteur Ropers qui nous a soigné (?) dans notre prime jeunesse).

Mais il y a 2 semaines, une dent a commencé à me faire mal. Ma 1ère réaction a été de faire l’autruche : ça va passer tout seul (vous vous reconnaissez…). La douleur étant intermittente, j’ai encore attendu une semaine mais mon cerveau cartésien me disait d’agir (« une dent ne se guérit jamais toute seule »… vous l’entendez la petite voix). Bref, voulant éviter que la situation ne s’aggrave, je suis allée voir Corine, la secrétaire du proviseur, qui m’a toujours donné de précieux conseils (médecin généraliste, taximan fiable…). Le nom tombe : docteur Richa, libanaise, proche du lycée.  Dans la foulée, j’ai appelé pour prendre un rendez-vous. Contrairement à la France, la plupart des spécialistes donne des rendez-vous en moins d’une semaine. Lundi 7 décembre à 10h30 : la date tombe.

Je pars inquiète avec un peu d’avance car je ne connais pas les embouteillages à cet horaire. J’arrive donc en avance sans me perdre. Je sonne et entre dans une pièce qui fait office d’accueil et salle d’attente.   La secrétaire m’accueille, me demande mon nom, mon prénom et mon adresse et là elle note les renseignements sur une fiche. On est bien au Sénégal . Pratiquement aucun document n’est informatisé. Je vais m’assoir en face de BFM télé qui tourne en continu sur les gilets jaunes. J’observe avec attention la salle d’attente qui ressemble à celles déjà  rencontrées en France (de nombreuses décorations de Noël, des magazines et 2 patients avant moi).

Après 3/4 d’heure d’attente et d’angoisse (j’exagère un peu), l’assistance de la dentiste m’appelle. Je rentre dans un cabinet qui ressemble à celui du mois de juillet. La dentiste me demande la raison de ma venue et m’installe sur le fauteuil. Elle regarde comme tous les dentistes avec un petit miroir et, ne voyant rien, me fait passer un jet d’air sur les dents. Soudainement, la dent arrière droite me fait très mal. Je lui indique et repasse le jet pour être sûre que je ne me trompe pas. Oui, oui, j’ai mal ! C’est bien là !
Elle décide donc de faire une radio et ne révèle aucune carie. En revanche, elle m’explique que l’amalgame est très proche du nerf ce qui peut expliquer la douleur. Elle prend le temps de me montrer la radio en m’expliquant que 2 solutions s’offrent à moi : enlever l’amalgame et faire un pansement pour voir si cela va se reproduire ou dévitaliser la dent.
Elle me demande si je souhaite faire le soin tout de suite ou si je préfère prendre un second rendez-vous. L’heure de mes cours approchant, je décide de prendre un rendez-vous jeudi 6 à 10h30.

Rebelote 3 jours plus tard. Arrivant dans le cabinet, docteur Richa me demande ma décision. Je lui dis que je vais me fier à son avis. On dévitalise. Mais avant, un petit jet d’air pour vérifier que j’ai toujours mal. Oui, ça fait toujours mal. C’est parti pour au moins 30 minutes de soin. Elle m’endort et là, on ne lésine pas sur l’anesthésiant : 2 seringues. Autant vous dire que je ne sens rien. La fraise entre en action. L’assistante sait exactement quand elle doit agir. Pendant ce temps, la dentiste commence la dévitalisation des racines en m’expliquant que cette dent doit avoir 3 ou 4 racines : une principale et les autres fines. Elle utilise donc de fins forets qu’elle manipule à la main (et non avec un instrument électrique).
Soudain l’envie de tousser me prend. Je lève la main gauche comme convenue et elle retire les objets présents dans ma bouche. Je tousse et c’est reparti… mais je sens un petit malaise. Elle m’indique qu’elle va refaire une radio. Le verdict tombe : un morceau du foret s’est cassé dans une de mes racines très fines lorsqu’elle l’a retiré rapidement. Et merde ! Elle décide donc de l’enlever de manière expérimentale. Elle semble maitriser la situation mais ça prend du temps. Radio puis re-radio et enfin le morceau a disparu. Elle continue ensuite les soins.

A la fin de la consultation, elle prend le temps de m’expliquer ce qu’elle a exactement fait avec, comme support, les radios puis s’excuse de ce contre-temps.  Rendez-vous dans une semaine pour terminer le travail. Je repars donc rassurée avec la bouche endormie pour encore 2h.