Aujourd’hui épisode spécial, on t’a déjà parlé du taxi. Mais il est des événements qui doivent être racontés à vif avant que la mémoire ne les édulcore. Et c’est donc attablés dans la salle de l’Institut français que nous écrivons notre court mais humide périple de Ouakam au Plateau (NDLR: du nord de Dakar vers le sud de Dakar pour ceux qui n’ont pas encore appris la carte).
Comme d’habitude, on hèle un taxi qui s’arrête; on négocie le prix, on monte et le taxi fait demi-tour. Le hic c’est que la marche arrière est récalcitrante. Après cinq essais, le taximan coupe le moteur et réussit enfin à faire sa manœuvre.
Après tout, on va rouler avec les autres vitesses donc ce n’est pas très grave hein. Certes, mais le plus on roule vers le sud et le plus les nuages gris nous menacent. Jusqu’au moment où ils mettent leurs menaces à exécution. Au début on ne s’est pas trop inquiétés: 5cm d’eau sur la route, il semblait gérer. Mais au bout d’un moment on a commencé à se poser des questions. Pourquoi les essuies-glaces ne fonctionnaient-ils pas? Par soucis d’économies, les taximens ont un pouvoir spécial ou tout simplement en panne ?
Non parce-que là vraiment il pleut beaucoup, donc les essuies-glaces c’est maintenant… ha ouais t’as vu si le pare-brise était pas plein d’eau tu aurais pas pilé dans le dos d’âne pour éviter de nous encastrer dans ce véhicule.
A mi-chemin on imagine que les super-pouvoirs sont épuisés. Il s’arrête, descend sans rien nous dire. Nous voila abandonnés dans un taxi sur une deux fois deux voies en pleine circulation. Finalement, il vient pour nous dire que le taxi derrière finira notre course.
On saute dans le nouveau taxi qui nous indique que les essuies-glaces du taxi précédent étaient en panne. Quelle surprise!
Céline découvre, toute heureuse une ceinture à l’arrière. Malheureusement, il manque le « titi pour l’accrocher ». Notre nouveau chauffeur lui indique qu’il est coincé entre les deux banquettes. Ni une ni deux, elle plonge les deux mains à la recherche du « titi ». Énorme erreur! On est à Dakar. Les deux menottes ressortent noires et sans le titi. Il a fallu trois lavages avec du gel antibactérien pour qu’elle redeviennent grises et pour couronner le tout, pas de kleenex donc une vieille chaussette trouvée dans le sac à dos fera l’affaire.
Pendant ce temps notre conducteur utilise ses essuies-glaces qui fonctionnent et sa connaissance de la ville. Les nuages en ont bien profité pour déverser tout leur mépris, mais les canalisations de le ville ne sont pas du tout d’accord avec cet apport hydrique bien trop brutal et rapide. Ainsi la route se retrouve inondée. Pas encore assez pour empêcher de rouler…jusqu’au tunnel. Qui dit tunnel dit descente et étrangement une grande partie des véhicules a décidé de ne pas descendre. Notre chauffeur engage tout de même son taxi car on a le choix entre un bouchon probablement interminable et peut être juste un peu d’eau. Aiguillé par une personne venant du tunnel, au milieu de la route/rivière, de l’eau jusqu’aux genoux, lui donne un conseil en wolof. Lucas demande la traduction. « Il dit que en passant à gauche et doucement ça ira ».
On lui fait confiance: on n’a pas le choix. Coté rassurant, il semble sur de lui. Nous passons (rappelez-vous tout passe à Dakar) dans une accélération continue et évitons le bouchon. Il nous explique qu’il faut avoir un bon moteur et accélérer pour pas que l’eau rentre dans le pot d’échappement. Comme si Lucas allait rapidement se lancer dans ce genre d’acrobatie mécanique.
Nous arrivons finalement à bon port (pun intended), sauf que il faut enjamber une flaque et nous nous retrouvons les quatre pieds trempés. Ce qui n’est pas si mal tant on s’imaginait déjà ressortir du tunnel avec de l’eau jusqu’aux hanches, la voiture abandonnée au milieu et nos paquetages sur la tête façon soldat au Vietnam.