Dialecte

Certains dialectes très rares sont facilement reconnaissables.

Lors de notre vol retour, le phrasé des retraités devant nous m’a semblé familier. N’ayant que très peu dormi, j’ai pu écouter attentivement leurs conversations.

Après l’atterrissage, nous reconnaissons un terme de façon explicite.

 

 

 

 

 

 

 

 

« Tu m’as volé mon nin-nin ! »

Des francs-comtois ! Mon cœur est si heureux d’entendre ce mot à plus de 5000 km de la Franche-Comté.

Tous ceux qui pensaient que j’étais la seule à utiliser cet idiome ont tort au même titre que le croissant au chocolat (j’attends le prochain trajet pour vous le prouver) ! Spéciale dédicace aux Toulousains. Je prends ma revanche après des année de moquerie 😄

Un site « nin – nin.fr » et une recherche sur Wikipedia peuvent aider les non-connaisseurs à se familiariser avec ce terme  plein d’avenir !

 

 

 

Du nouveau

Alors que l’on n’a même pas encore fini de débattre pour savoir si l’on écrira un article spécial, nous voici déjà de retour et en expédition sur le Farmer Market à deux pas de chez nous.

Au pied du controversé monument de la Renaissance Africaine, ce petit marché propose des stands assez variés. Nous y avions déjà trouvé quelques cadeaux pour noël lors de son édition de décembre. Il se tient tous les mois avec des stands plus classiques. On y retrouve tout de même des crèmes en tous genres, savons, jus de fruits, paniers en osier, châles, puzzles etc…

Après une fouille d’apparat effectuée par des gardiens peu zélés, nous nous acquittons des cinq-cents-francs d’entrée par personne. Nous passons devant les stands de nourriture, trop tôt pour être intéressés par les burger à deux-mille-cinq-cents ou les crêpes bretonnes (décidément on est plus chez nous, ils sont partout ces bretons, non mais franchement, ils mettent même leur drapeau là ha vraiment hein … ).

Premier achat: un stand de fruit de Casamance. Après la dégustation des bananes et les réponses aléatoires à un questionnaire, nous décidons d’acheter en sus quelques « ditakh ». Prononcer comme guitare mais avec un d.  Le fruit ressemble à un caillou marron, il s’écale comme un œuf avec plus ou moins de succès pour chacun. L’intérieur est principalement constitué d’un noyau entouré de filaments blancs. Une chair verte à la texture farineuse enrobe le tout. C’est cette chair qui est comestible. Céline a encore des doutes mais aucun signe de problèmes intestinaux pour le moment. Le dépiautage est vert. C’est à dire que si l’écalage se passe mal, on a rapidement les ongles verts, puis les doigts verts, et ensuite les dents vertes, sans compter sur les vêtements verts si l’on ne fait pas attention en s’essuyant. Heureusement la coloration n’est pas tenace. Pour déguster ce fruit il faut croquer dans la pulpe ce qui n’est pas chose aisée (note pour les martiniquais, manger une quénette est plus facile). Le goût est acide, un peu sucré et complètement inconnu de nos palais. Il est conseillé d’en faire du jus, mais nous en avons acheté peu.

Deuxième achat: tisane d’artemisia. D’après le paquet elle a comme propriété et bienfaits de lutter contre le paludisme, fièvre, constipation, reflux gastrique, vermifuge, hépatique, bilharziose, diabète de type 2, règles douloureuses, stimule le flux sanguin, antioxydant et fortifiant. (étonnamment il n’est pas précisé: « retour de l’être aimé » ni « chance au jeu »). Nous avions déjà entendu parlé de cette plante pour la lutte contre le palu. La question n’est pas tranchée mais ouverte à tous ceux qui voudraient nous donner des informations en commentaires. Nous avons goûté la tisane avant de l’acheter. L’amertume n’était pas cachée par la quantité excessive de sucre qui y avait été ajoutée. Malgré tout nous décidons d’investir dans un sachet de 21 dosettes. De retour chez nous, nous faisons notre propre infusion moins longue et sans sucre. L’amertume est présente mais bien moins forte.

Troisième achat: des carottes, des courgettes et des tomates. Demandez aux aventuriers européens si vous ne connaissez pas.

 

L’île de la madeleine

Les profs sont sympas. Pas autant que les camionneurs donc il y a une amicale qui organise des sorties. Et ce week-end c’est l’ile de la Madeleine. Avec pique nique sur la plage et visite de l’ile.

La pirogue n’ayant qu’une capacité limitée il est prévu de faire plusieurs voyages. Un à 10h et un à 11h. Et comme nous n’avons pas perdu nos habitudes nous sommes arrivé à 10h57, juste à temps pour la pirogue … de 10h … Le Sénégal non plus n’a pas perdu l’habitude. Nous nous engonçons dans des gilets rouges rosés et prenons place à bord du bateau. Nous nous retrouvons pendant une vingtaine de minutes dans la peau d’aventuriers serrés les uns contre les autres. La traversée est plaisante et nous nous éloignons de la pollution.  A proximité de l’ile, nous apercevons de nombreux cormorans perchés sur la roche volcanique constituant l’ile. Contournant les rochers nous entrons dans une crique et il est important de suivre l’avertissement « attention aux doigts ». Parce que l’embarcation vient frotter contre le ponton en béton.

Une fois les provisions et les migrants déchargés, il est possible de faire le tour de l’ile avec le guide. Frederick est un sévère militaire. Casquette et lunettes ne laissent à son visage que peut de latitude pour les expressions. Le body language d’Arnold Schwarzeneger  complète le tableau. Le chapelet qu’il porte autour du coup laisse tout de même soupçonner une part d’humanité. Elle se dévoile au fur et à mesure de notre randonnée sur l’ile.

Il nous raconte, au gré de la balade, comment l’esprit de l’île a empêché un moine de s’installer durablement. Il nous montre le baobab qui sert de lieu de culte. Il nous dévoile également une crique difficile d’accès et surement très dangereuse où l’eau est turquoise comme dans les films. Nous retournons ensuite au campement, non sans passer sous les nids des cormorans qui sont légions ici.

La deuxième embarcation arrive chargée de la fin du groupe et de la fin des provisions. Une fois tout installé nous pique-niquons tranquillement. En nous serrant tout de même afin de profiter de l’ombre restreinte fournie par un parasol. Il faudra attendre encore un aller-retour de l’esquif pour bénéficier d’un auvent plus conséquent. Mais le montage à peine terminée nous avons qu’à peine une heure avant que le premier voyage de retour ne se mette en place. Troquant une partie de ‘skull and roses’ contre l’assurance d’avoir de la place, nous prenons le chemin du retour.

 

 

 

 

 

Retour au pays

Vacances de Noël en vue. Départ prévu jeudi et arrivée à Paris le vendredi. Normalement tout devrait se passer sans soucis majeur : les gilets jaunes, c’est le samedi ; pas de grève annoncée.

Mais en prenant un taxi samedi 15, je vois sur les panneaux publicitaires le long des routes à Dakar que Macky Sall, le président du Sénégal, inaugure l’autoroute de Touba le 20 décembre : mais c’est le jour de mon départ !

Rapidement, je me rends compte que cela peut poser problème. 

Après quelques recherches sur internet, j’apprends que les chefs religieux Mourides appellent la population à venir fêter cet événement. Ça se complique.

Il faut savoir qu’au Sénégal, l’autoroute peut être coupée sans explication et sans avertissement ou encore que 15 jours auparavant, lors de l’investiture de Macky Sall (il y a des élections présidentielles en février) des collègues sont restés bloqués 4h sans bouger sur cette même route. Bref la circulation est imprévisible.

N’ayant d’autres informations, j’attends lundi pour avoir l’avis de mes collègues ayant une connaissance plus approfondie du pays. Ils sont unanimes : l’accès à l’aéroport peut être difficile. Je décide d’aller voir le proviseur à qui j’apprends la nouvelle. Lui-même est un peu inquiet car il prend aussi l’avion jeudi mais il va se renseigner. 

Le mardi, l’info tombe : Le président sera à Touba et non à proximité de l’autoroute. Le ciel s’éclaircit un peu. Je croise Mr Ba, l’homme qui a gardé notre voiture cette année, qui s’en est occupé pour la visite technique, qui a  emmené mercredi dernier Lucas à l’aéroport et qui doit aussi m’y amener jeudi. Nous convenons de partir directement du lycée jeudi à 16h pour gagner une bonne heure. Il est confiant (mon avion décolle à 23h55). 

Je dois donc m’organiser pour partir jeudi de chez nous avec tous mes bagages pour aller au lycée. C’est là que je suis contente d’être un peu organisée. La veille, le ménage est prêt, les bagages pratiquement terminés.

Jeudi matin, je donne les légumes et les fruits au gardien, je boucle les bagages, coupe l’eau et c’est parti. 

Un taxi, on négocie et 10min plus tard, je suis au lycée avec ma valise, mes 2 sacs à dos. J’entrepose mes bagages dans les archives du CDI et part faire mes 2h de cours. 

À 16h tapantes, je suis dans la voiture de Mr Ba. La. La circulation est dense aux abords du lycée. Nous roulons au pas, sortons le bras de la voiture pour passer aux ronds-points. Rien n’inhabituel. Puis, la circulation se fluidifie. Personne sur l’autoroute. Bref nous arrivons en 1h15 à l’aéroport.

On a droit à 5min au dépose-minute sinon c’est 2000 francs (si vous voulez calculer,  cela correspond aux anciens francs qui ont cessé d’exister en 1960).

La fin sénégalaise du voyage se termine dans le calme. Passage aux douanes sans soucis, embarquement à l’heure et comme régulièrement, je m’endors avant le décollage et me réveille 5h après pour le petit déjeuner. Une nuit courte mais de bonne qualité.

J’attends le TGV pour Besançon en espérant que mon périple français se passera aussi bien.

Notre quartier : les mamelles

Cela fait bientôt quatre mois que nous avons atterri. Les habitudes commencent à se mettre en place. Et l’exploration de notre alentour proche est bien avancée, et nous avons maintenant un réseau raisonnable de points de passages à portée de pieds.

Sans surprise ces lieux où il est probable de nous croiser s’articulent pour au moins la moitié autour de la restauration.

Par ordre chronologique de découvertes, nous avons commencé par manger chez Protea, valeur sûre pour de la bonne viande à Dakar. Tu dois t’en souvenir si tu es un lecteur assidu du blog. On y croise l’ambassadrice d’Afrique du Sud et les employés sont super sympas.

La plage des Mamelles. Après une dizaine de minutes de marche. Un dénivelé dans les herbes hautes débouche sur la petite plage des mamelles. C’est Lucas qui prend le clavier parce que c’est lui le plus habitué du lieu. En effet après une matinée de code un peu éprouvante et pour briser la monotonie de l’intérieur il est temps d’explorer le monde. sauf que à 11 heures y’en a pas des clients. Et y’en a pas tellement des choses à faire. L’avantage étant que l’on peut discuter avec Max et Momo. Et même en wolof si j’avais appris… De la récupération pour la déco, les vieux disques 33 tours et les bidons accrochés sont des véritables produits dérivés dans le sens où on n’a pas de mal à imaginer qu’ils ont dérivé dans l’océan avant d’échouer ici pour servir de sous verre. Niveau restauration rien d’extraordinaire. Je n’ai essayé qu’une viande en sauce plutôt quelconque. Dimanche, nous sommes retournés dans l’après-midi et la plage était plus animée. Les hamacs et les fauteuils étaient occupés par un mélange de toubabs anglophones et francophones. Dans l’eau, toujours des toubabs mais aussi quelques sénégalais. La pollution de l’eau nous tient bien éloignée de cet océan si proche. Lucas a trouvé un joueur de backgammon et Céline a profité de la quiétude du lieu pour finir un Fred Vargas.

L’hotel du phare. Là d’où nous écrivons ce billet. Une autre de ces endroits où la mélanine a tendance à rester en bas. La découverte du lieu est à créditer à l’ancienne propriétaire de notre canapé-palettes Rihanna. L’anecdote complète mérite probablement un article que nous n’avons pas écrit. Mais nous y sommes. Le toit de l’hotel est aménagé et accueille un bar ainsi qu’un four à pizza qui produit aussi des burgers. Et tous les mardis un ingénieux système de projection, constitué d’un rétroprojecteur, un MacBook et une extension de palissade habillée de papier blanc, permet de regarder des films. C’est encore tout prêt de chez donc nous consultons régulièrement la programmation pour une petite soirée en extérieur pendant que nos compatriotes  harassent des fondues à -5°C.

Pour nos 10 ans (non, non, vous n’avez pas loupé notre mariage), nous sommes allés à la Calebasse, restaurant assez chic, toujours près de chez nous. Ayant un peu peur de traverser la 2×2 voies de nuit, nous y sommes allés en voiture. Il faut dire que la circulation est identique de jour comme de nuit : un vague passage piéton respecté par aucun véhicule, et un terre-plein central qui permet juste aux proies des bolides de dire « perché ! » pour éviter l’inégale confrontation. La décoration du restaurant est soignée, les serveuses attentives et les plats délicieux. Bref une très bonne adresse. Merci à Chloé, Stephan, Hanne et Christophe pour cette soirée. En bas du restaurant il y a également une dibiterie. Mais le test se fera plus tard.

Ceux qui ont déjà lu nos articles et notamment l’article du goûter auront déjà eut vent de la Brioche Dorée. C’est ce même jour que nous avons découvert le magasin Tisserands et la galerie Kër Marie. Dans lesquels il ne s’agit pas de manger mais de faire des cadeaux.

Le magasin Tisserand est d’un seul tenant. Il n’y a pas vraiment de rayonnages et les éléments en présentation sont assez hétéroclites. Des châles, quelques meubles, des paniers en osiers. L’intérêt étant que la plupart des objets peuvent être commandés et ajustés sur demande.
Sur la gauche se tient un véritable métier à tisser. Ses fils tendus sur une dizaine de mètres vibrent au rythme de la navette et des pédales actionnées par deux tisserands expérimentés. Il est facile de s’hypnotiser en contemplant les motifs et le tissu se former lentement.

Revenons maintenant à la Calebasse et à sa dibiterie. Une dibiterie c’est de la viande, du feu de bois, de l’oignon, une grille et du poivre. A la calebasse, le tout est accueilli au rez de chaussée du restaurant. Ils ont 3 types de dibi: dibi agneau, dibi poulet et dibi calamar. Nous avons maintenant testé les trois et l’ordre de préférence est : 1- dibi poulet 2-dibi calamar (trop épicé) 3-dibi agneau (viande trop dur).

Il est temps d’ajouter un peu de magie dans ce descriptif bien terre à terre. Le Phare des Mamelles. En haut d’une colline, les quatre faisceaux parcourent le ciel dès la nuit tombée. La danse lumineuse peut être admirée depuis n’importe quel endroit du quartier. Aussi depuis notre toit nous avons une très belle vue. Les étoiles ne sont pas toutes visibles mais le phare nous offre un spectacle pas de son mais lumières quotidien et féérique. Rien de tel pour se donner un petit coup de boost et se dire qu’on a bien fait de quitter notre pâle Mont Blanc. Parce que déjà il tourne pas sur lui même, et fait encore moins de la lumière. Tout comme le Mont Blanc il est possible de grimper jusqu’au phare, mais c’est bien plus à notre portée vu qu’il y a une route goudronnée. Un fois arrivé au bout de la route on se fait racketter de 1000 francs pour accéder à la plateforme. Il est aussi possible de suivre une visite guidée mais nous n’avons pas encore testé. C’est aussi là que se tiennent des soirées assez prisées à  base de musiques de jeunes et dandinements cadencés… oui … c’est juste une boite de nuit.

Parlant de soirées musicales, le dernier endroit ajouté dans notre trousseau est la Galerie Loman Art. Si il y a bien une démonstration que rien ne se voit à Dakar c’est bien par là qu’il faut commencer. Nous avions littéralement le nez devant sans la trouver. Céline en a entendu parlé plusieurs fois et nous avions vu et entendu depuis chez nous des soirées anniversaires (facile à reconnaitre ce chant) mais impossible de déterminer ce que c’était. L’entrée est en fait toute petite et en plein virage. On traverse d’abord une salle quasiment vide parée de tableaux. Mais avec personne pour indiquer quoi que ce soit il est difficile de se dire depuis l’extérieur que la porte opposée  permet d’accéder au patio et donc au restaurant qui sert aussi des petits déjeuners. Les repas servis sont plutôt bons. Même si la présence de nombreuses mouches rend l’expérience moins agréable que ce qu’elle pourrait être sans ces agaçants lépidoptères. Difficile ensuite, même depuis le patio, d’imaginer qu’il faille pratiquement rentrer par effraction dans la maison pour accéder à  la piscine, admirer les œuvres sur les murs et monter sur le toit.

Pour finir le tour du quartier à portée pédestre on ajoute plusieurs collègues de Céline. Dédicaces à Benjamin, Aurélie …🎵  …  tout le crew de  Magalie  …🎵  waw … on est dans la place… waw … à Jérôme … waw … à Mélanie  oué !!!

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Dentiste à Dakar

En juillet, avant de partir, je suis allée faire un tour chez le dentiste afin d’éviter d’en chercher un trop rapidement à Dakar. Eh oui, pour ceux qui ne savaient pas, j’ai (très) peur d’aller chez le dentiste (merci Papa pour tes anecdotes quand tu étais enfant 🙂 et merci au docteur Ropers qui nous a soigné (?) dans notre prime jeunesse).

Mais il y a 2 semaines, une dent a commencé à me faire mal. Ma 1ère réaction a été de faire l’autruche : ça va passer tout seul (vous vous reconnaissez…). La douleur étant intermittente, j’ai encore attendu une semaine mais mon cerveau cartésien me disait d’agir (« une dent ne se guérit jamais toute seule »… vous l’entendez la petite voix). Bref, voulant éviter que la situation ne s’aggrave, je suis allée voir Corine, la secrétaire du proviseur, qui m’a toujours donné de précieux conseils (médecin généraliste, taximan fiable…). Le nom tombe : docteur Richa, libanaise, proche du lycée.  Dans la foulée, j’ai appelé pour prendre un rendez-vous. Contrairement à la France, la plupart des spécialistes donne des rendez-vous en moins d’une semaine. Lundi 7 décembre à 10h30 : la date tombe.

Je pars inquiète avec un peu d’avance car je ne connais pas les embouteillages à cet horaire. J’arrive donc en avance sans me perdre. Je sonne et entre dans une pièce qui fait office d’accueil et salle d’attente.   La secrétaire m’accueille, me demande mon nom, mon prénom et mon adresse et là elle note les renseignements sur une fiche. On est bien au Sénégal . Pratiquement aucun document n’est informatisé. Je vais m’assoir en face de BFM télé qui tourne en continu sur les gilets jaunes. J’observe avec attention la salle d’attente qui ressemble à celles déjà  rencontrées en France (de nombreuses décorations de Noël, des magazines et 2 patients avant moi).

Après 3/4 d’heure d’attente et d’angoisse (j’exagère un peu), l’assistance de la dentiste m’appelle. Je rentre dans un cabinet qui ressemble à celui du mois de juillet. La dentiste me demande la raison de ma venue et m’installe sur le fauteuil. Elle regarde comme tous les dentistes avec un petit miroir et, ne voyant rien, me fait passer un jet d’air sur les dents. Soudainement, la dent arrière droite me fait très mal. Je lui indique et repasse le jet pour être sûre que je ne me trompe pas. Oui, oui, j’ai mal ! C’est bien là !
Elle décide donc de faire une radio et ne révèle aucune carie. En revanche, elle m’explique que l’amalgame est très proche du nerf ce qui peut expliquer la douleur. Elle prend le temps de me montrer la radio en m’expliquant que 2 solutions s’offrent à moi : enlever l’amalgame et faire un pansement pour voir si cela va se reproduire ou dévitaliser la dent.
Elle me demande si je souhaite faire le soin tout de suite ou si je préfère prendre un second rendez-vous. L’heure de mes cours approchant, je décide de prendre un rendez-vous jeudi 6 à 10h30.

Rebelote 3 jours plus tard. Arrivant dans le cabinet, docteur Richa me demande ma décision. Je lui dis que je vais me fier à son avis. On dévitalise. Mais avant, un petit jet d’air pour vérifier que j’ai toujours mal. Oui, ça fait toujours mal. C’est parti pour au moins 30 minutes de soin. Elle m’endort et là, on ne lésine pas sur l’anesthésiant : 2 seringues. Autant vous dire que je ne sens rien. La fraise entre en action. L’assistante sait exactement quand elle doit agir. Pendant ce temps, la dentiste commence la dévitalisation des racines en m’expliquant que cette dent doit avoir 3 ou 4 racines : une principale et les autres fines. Elle utilise donc de fins forets qu’elle manipule à la main (et non avec un instrument électrique).
Soudain l’envie de tousser me prend. Je lève la main gauche comme convenue et elle retire les objets présents dans ma bouche. Je tousse et c’est reparti… mais je sens un petit malaise. Elle m’indique qu’elle va refaire une radio. Le verdict tombe : un morceau du foret s’est cassé dans une de mes racines très fines lorsqu’elle l’a retiré rapidement. Et merde ! Elle décide donc de l’enlever de manière expérimentale. Elle semble maitriser la situation mais ça prend du temps. Radio puis re-radio et enfin le morceau a disparu. Elle continue ensuite les soins.

A la fin de la consultation, elle prend le temps de m’expliquer ce qu’elle a exactement fait avec, comme support, les radios puis s’excuse de ce contre-temps.  Rendez-vous dans une semaine pour terminer le travail. Je repars donc rassurée avec la bouche endormie pour encore 2h.

Mendiman, le nouveau super héros

Cet après-midi , direction la police des étrangers pour la 6ème fois. Cette fois, j’espère récupérer mon récipissé de demande. J’ai bon espoir car la date officielle était le 24 septembre : un mois et demi de délai, ca devrait passer.

Lucas travaillant, je pars seule en voiture en redoutant le double rond-point de la mort. Pour nos futurs visiteurs, on vous montrera. Pour les autres, il s’agit de 2 rond-points qui se suivent et qui sont constamment embouteillés. On parle des embouteillages de Dakar : 3 voitures de front dans le rond point, des marchands ambulants qui essaient de te vendre de l’anti-cafard, des chaussettes, des mouchoirs, des noix de cajou, des portraits des chefs religieux (je dois pas être la cible car ils s’arrêtent rarement vers la voiture), les personnes en chaise roulante (oui, oui, sur le « terre-plein » central de la 2×2 voies) et les talibés. Étonnamment, la circulation est fluide.

Circulant dans des rues moins passantes et me rapprochant de mon but, je commence à être moins attentive. Erreur ! Soudainement, Mendiman apparaît devant la voiture. Bras et jambes écartées, il m’empêche de passer posant même ses mains sur le capot et me demandant de l’argent. Je lui signifie que je ne lui donnerai rien. Il s’approche de la fenêtre un peu ouverte côté conducteur et met une main sur l’ouverture. L’instinct me fait appuyer sur l’accélérateur et il reste accrocher à la Dacia en se mettant à courir à coté. Voyant la situation perdue, il finit par lâcher l’affaire.

L’obtention du récipissé est finalement une broutille. Je connais le chemin, le bureau, le policier. Bref je repars au bout de 5 min avec ce fameux bout de papier imprimé sur du brouillon.

Remontant dans la voiture, je me doute que je vais recroiser Mendiman. Je roule donc portes et fenêtres fermées. Il n’est pas là où je l’attendais. Je reste vigilante. C’est devant une mosquée que je le revois accompagné cette fois de 3 compères. Il me refait le même coup mais je ne m’arrête pas, je ralentis tout de même. Un des ses sbires tape sur la voiture, peut-être pour me faire peur ou me faire stopper. Étant beaucoup plus énervée qu’effrayée, je continue ma route en ignorant ces personnes.

Note culturelle :

Après discussion avec mes collègues, il s’agit des bayefall, une branche de la confrérie des mourides.

Interdit au moins de 18 ans

Les cours de wolof continuent et se ressemblent … malheureusement.

Aujourd’hui nous avons eu droit à une vidéo amateur de 8 min d’une discussion en wolof dans un taxi à Dakar.

Si tous nos lecteurs la regardent, cela va doubler le nombre de vues.
L’ensemble des élèves n’a rien compris et le prof tendait l’oreille pour comprendre. Evidemment, regarder une vidéo transférée par sa responsable avant le cours, c’est surfait.

Nous avons aussi « lu » un extrait de l’unique livre qui décrit le corps humain en wolof. Après une heure de décryptage de 2 petites pages, je pose la question qu’il ne fallait pas poser.
« Le livre est-il entièrement en wolof ? »
Daouda, notre prof, réfléchit quelques secondes et ses yeux s’illuminent en disant : « il y a un glossaire bilingue ».
Immédiatement, il quitte le cours pour aller nous faire quelques photocopies. Nous nous retrouvons avec 4 pages de termes physiologiques. Les élèves se regardent en se disant : »on en a pour 3h à tout lire ». Mais notre enseignant nous dit que c’est pour notre culture générale. Nous voici soulager.

C’est à ce moment que je décide de prendre un mot au hasard dans la liste et de l’apprendre.
Le mot « mballu » sonne bien à mes oreilles. Il s’apprend facilement : pas de prononciation difficile, il fait penser à Baloo dans le livre de la jungle.
Mon cerveau se met en action et valide ce choix jusqu’au moment où je me rends compte que c’est la traduction du verbe « se masturber ».
Trop tard : ma mémoire poubelle a déjà sauvegardé cette donnée.

Résultat des courses, après 2 heures de cours, c’est le seul mot que j’ai retenu. Je connais le futur, l’impératif et le présent continu. Mais je ne vois pas dans quelles circonstances je pourrai l’utiliser. Essayez d’imaginer la situation !