Assis

Aujourd’hui on va parler de choix, d’adaptation et d’utilisation de compétences.

On commence à Dakar avec une subtile expérience sur le choix de compagnie aérienne. La TAP: Tap Air Portugal. C’est un choix ambitieux car les rumeurs sont grandes sur les retards et autres déconvenues bagagères. Mais comme c’est pour les loisirs ça ira bien. Le choix du taxi pour l’aéroport est plus aléatoire. Il est difficile de discriminer Taxi Babou de Taxi Djibril ou Yaya taxi. Les numéros sont tous les trois dans mon téléphone mais il eut été utile que je me souvienne de qui est qui. Qu’à cela ne tienne ce sera au plouf.

J’ai prévu un jour de battement à Zurich avec une nuit dans un appart’hotel histoire d’être tranquille dans mon esprit. La lucidité c’est important. Pas d’anecdote drôle ? ben pour moi non, mais mon téléphone n’apprécie pas du tout qu’on lui demande de faire le GPS et aspire toute la batterie de mécontentement. Ainsi lorsqu’à la porte de l’appart’hotel il me manque des informations, je suis bien emprunté pour appeler le numéro de support. En effet, on est en 2019 et les maitre d’hôtel sont remplacés par des boitiers austères et qui ne comprennent qu’un code chiffré. Heureusement je croise un couple qui me dit qu’il faut regarder dans mes spams car code de confirmation n’est pas code de réservation et donc ne se rapporte pas à ce ramage artificiel. Je me rabats donc dans un bar-restaurant d’en face pour aller mendier une double dose de modernité sous forme de wifi et d’électricité.

Après c’est la pluie. J’avais prévu du matériel pour sketcher un peu mais bon c’est pas grave je m’enferme dans un restaurant tapas et produit quand même un petit souvenir.

Pour la suite du voyage j’ai compté un peu sur la rigueur suisse et autrichienne. Je ne suis pas le seul, je rencontre deux joueurs anglais qui ont encore moins bien préparé leur voyage. En croisant mes informations, nous trouvons le bon bus à prendre. Malheureusement le chauffeur ne parle ni anglais ni français. Comme béni d’Athéna je trouve tout de même les ressources allemandes nécessaires non seulement pour me faire comprendre en allemand mais en plus pour acheter le ticket au prix correct.

D’ailleurs je n’ai pas dit pourquoi ce voyage en solo, pourquoi traverser la Toubabie et se donner autant de mal ? ET bien c’est pour me rendre à la coupe du monde de Bloodbowl … oui : »mon jeu là ». Si tu lis ce blog tu sais probablement ce que c’est mais je mets tout de même un lien wikipedia si jamais. On notera que, en partant à Dakar, je m’étais dit que je ne ferais probablement pas de tournoi pendant trois ans. Donc je n’étais pas spécialement parti pour jouer cette coupe. Mais c’était sans compter sur le fait que l’amicale du Push Push ne tombe enceinte. Et sans compter sur Thomas pour me pousser et faire du lobbying pour que je remplace notre Kevin. Toujours est-il que je me laisse convaincre. Et comme Mathieu joue déja elfes noirs, ce sera le roster mort vivant qui me sera attribué. A ce niveau là de narration je n’ai aucun scrupule à parler très technique si vous lisez jusqu’ici soit vous êtes un passionné qui attend les rapports de match, soit vous avez assez d’abnégation pour passer outre.

Mais revenons à Dornbirn le jeudi soir. Les organisateurs ont eu une idée saugrenue et excessivement chronophage. Ils veulent distribuer à chacun des 1423 participants un set de socles correspondant aux compétences de ses joueurs. Ce qui provoque un impressionnant temps d’attente à l’inscription. Nous allons donc manger au burger king en attendant que la queue se dissolve un peu. Mais lorsque nous revenons, la queue n’est absolument pas dissolue, et nous mettons dedans un peu dépités.
Comme il est inutile de rester à six derrière, je pars en électron libre pour voir comment ça se passe et avoir une estimation de combien de temps cela nous prendra. Mon expérience sénégalaise m’a rendu aguerri à ce genre de processus: la personne qui est censé servir ne contrôle pas la queue, les gens dans la queue ne savent pas où aller ni quoi faire. En gros c’est le bordel. Donc lorsque l’opérateur demande « who’s next ? » en levant la tête de son ordinateur et en ne voyant pas le début de la file d’attente il m’est tout naturel de répondre « ok me… » et de boulshiter un « ha non mais j’ai pas les sacs de mes collègues hmmpf yeuyeuh.. » de toute façon le plus il faut faire vite, le moins on va poser de question. Ni une ni deux, les socles sont dans mes poches et on est bon pour rentrer.

Après cette échec organisationnel, le curseur de confiance par rapport à l’équipe d’organisation n’est pas au beau fixe. Mais on est venu pour lancer du dé, pousser de la figurine et voir les copains.

Le curseur de confiance ne se relève pas le matin. Et sur toute la journée ce ne sont que deux matchs qui seront joués. Le logiciel de gestion ne fonctionne pas correctement. Ce qui agace un peu tout le monde tant le manque de communication vient avec. Des heures à tourner en rond saupoudrées de vagues annonces prétendant que la ronde sera prête dans « a few minutes ».

D’un autre côté on peut se dire que cela laisse du temps pour papoter un peu avec cette belle communauté. Ce faisant, je me rends compte qu’une bonne partie de mon réseau fait partie de ce beau monde. Et parce que les émotions ça fait facilement boule de neige et pour éviter une crise de la quarantaine mal embouchée je vais honteusement dévié du sujet principal de cet article. Je vais à la place faire un hommage à tous ceux qui m’ont construit tel que je aujourd’hui et tous ceux qui continuent de nous accompagner pendant notre absurde, tournoyant, effrayant et paradoxalement excitant voyage à travers l’existence. Attention ici on ne parle plus bloodbowl…

Sans surprise, Céline arrive un peu avant tout le monde dans ma liste. Donc à elle qui n’aime pas être en retard et qui partage ma vie de tous les jours.

A ceux qui luttent avec la casquette ou sans la barbe. A ceux qui ne voient pas le bout du fauteuil, ni des béquilles. A ceux qui vont à la pêche. A celles qui ressemblent à leurs filles. A ceux qui les supportent au propre comme au figuré. A ceux dont les conjoints ce sont éloignés avec fracas. Aux couples qui nous suivent maintenant chacun de leur côté. Au familles avec un D. A ceux qui ont eut une petite Louise. A ceux qui viennent d’avoir une petite Louise. A ceux qui apprennent la SNT. Aux frères. A ceux qui ont voyagé mais pour lesquels ce n’est plus d’actualité. Aux papas seuls. A la maghrébie. A ceux qui font vivre la mémoire de leurs parents. Aux grands qui ont des petites et aux grands qu n’ont plus de petite. A celles que je ne prévient jamais assez tôt quand je reviens au pays. A ceux qui tiennent un magasin de jeux spécialisés. A celles qui font leur propre lessive. A ceux qui nous hébèrgent à Montréal. A ceux qui travaillent au CERN. A celles qui travaillent plus au CERN. A ceux qui luttent contre les lobbies pour sauver notre planète. A celles et ceux qui apprennent à lire. Aux cassoulets d’Arklaash. Au barbarisme stylisé. A celles qui discutent pendant des heures de la relativité de la réalité. Aux taties en Guyane. A ceux qui jouent au tarot. Aux agents de la Séquoinaise. A ceux qui font des MEP et ceux qui sortent des escape. A ceux qui passent des frigos. A ceux qui deal des bords noirs mint. A ceux avec qui j’ai joué toutes les semaines pendant dix ans. A celles qui font leur rentrée en septembre. A notre première lectrice américaine, Brenda. A celles qui font leur rentrée en octobre. A ceux qui voyagent à vélo. A ceux qui voyagent en piano. Au Chapotame. A ceux qui m’ont embauché. Aux rôliste qui domineront le monde. Aux joueurs de bloodbowl qui seront leur généraux.

A ceux qui n’ont pas tout lu, à ceux qui ne se sont pas reconnus, a ceux qui sont tombés dans les trous de ma mémoire et aux trois sous-ensembles.

A tous je voulais juste dire merci.

Reprise du cours normal de l’article dans 3

2

1

Nous voila samedi matin. Tout le monde du bloodbowl croise les doigts pour que cette journée se passe mieux. Personnellement si ça ne va pas mieux je songe sérieusement à rentrer chez moi. Et il faut donner du crédit à l’équipe d’organisation parce que cette deuxième journée se passe beaucoup mieux. Il a été prévu de faire 4 matchs pour rattraper le vendredi et 4 matchs seront faits. C’est plus fatiguant que prévu mais au moins on pourra faire 9 rondes en tout.

Avec la béquille du site qui reprend les résultats et qui est encore en ligne je peux essayer de faire un rapide résumé des matchs que j’ai joué:

Match 1 contre des amazones: avec peu de compétences c’est un peu technique il ne faut pas lancer trop de dés pour éviter les aléa, et les amazones ne tombent pas beaucoup. Mais comme prévu je joue le coach plutot que jouer le roster et il finit par faire quelques petites erreurs. Le dos de Roxanna fait comme un bruit de biscotte et se sécurise un 2-0 sans trop transpirer. L’équipe gagne la ronde.

Match 2 contre des skaven. Cette fois c’est Glart la star. Il remplace le rat ogre. Je marque sur ma mi temps et il se prend les pieds dans le one turn. Il marque sur sa mi temps et je n’ai pas le temps de marquer derrière. Rien de notable ne me revient en mémoire. Match nul pour moi, mais victoire de ronde pour l’équipe.

Match 3 contre du chaos. Comme déja vu aux entrainements le chaos ne va pas assez vite et même si il y avait eu beaucoup de sorties je peux assurer une victoire juste en jouant la montre. Victoire d’équipe aussi

Match 4 contre des necros. Cette fois le roster a plus de compétences. Mais l’absence de guard fait que je peux prendre l’avantage local où c’est nécessaire. Aussi je n’hésite pas à frapper les golems. Et j’ai de la chance car ca passe bien. Victoire 2-1 et victoire d’équipe.

A partir de là je commence à y croire. Je me dis que peut être on est la bonne équipe pour ce trophée.

Match 5 contre du Nurgle. C’est Topper un très bon coach connu sur le circuit. Il place sa bête et deux guerriers sur la LOS. J’ai la chance de sortir la bête dès le premier blocage et un guerrier KO. Ce qui me simplifie grandement le TD. Sans cela je ne sais pas si j’aurais pu passer. Cela me simplifie aussi la deuxième mi-temps pour l’empêcher de passer car j’ai un gros avantage physique avec les guard. Victoire 1-0 et victoire d’équipe. La victoire est un peu plus serrée mais on est présent.

Match 6 contre des elfes noirs. Sur le papier j’ai l’avantage. Mais Beppe est un excellent coach et il ne laisse pas son langage corporel parler. J’arrive à faire tomber la balle à la fin de son attaque en première mi temps, mais malheureusement l’action de touch down est un échec. En deuxième mi temps, il met beaucoup de pression et me fait des tours avec deux stun deux fois de suite ce qui enraille trop ma progression. Je suis obligé de tenter une sécurisation de match nul en fin de mi temps. Mais il sort du bon dé et son action elfique de touchdown bien que peu probable passe tout de même. Défaite pour moi mérité pour Beppe. Nul de ronde contre les master of Tilea tenant du titre. Une preuve qu’on est capable de le faire.

Match 7 contre des elfes sylvains. Match difficile. J’attaque et décide d’investir sur l’homme arbre, mais même en le faisant tomber deux fois il se relève et continue de pourrir le centre. J’arrive tout de même à avancer un peu, mais me fait contrer suite à des actions tellement indécentes que ma mémoire les a effacées. Qu’à cela ne tienne. Le discours de coach de Matt_le_fou ce matin me motive à ne pas lâcher le morceaux et à tout tenter pour remonter. Je marque mon TD quand même et lance mes troupes à l’assaut en envoyant tout pour pouvoir contrer vite aussi. ça ne marchera pas et se soldera par une défaite 3-1. Mais j’aurai tout donné pour gagner cette ronde et mes partenaires aussi. C’est une victoire pour l’équipe.

Match 8 contre les humains de Zoul. Un match très agréable parce que Zoul est un coach sympa et très bon. Mais sur le papier sans champion l’avantage est aux mort-vivants. De plus son ogre nous fait un carton presque plein de big guy: bone head … check, double powskull .. check, blitz raté .. check, gfi raté … check. Je déroule sans trop de stress un 3-0 malgré qu’il n’ait rien abandonné comme je l’avais fait au match précédent contre les sylvains. Victoire d’équipe aussi. Nous sommes aux portes de la victoire.

Depuis deux rondes déjà je n’ose plus aller voir les matchs de mes partenaires. Matt joue en table une et est filmé et souvent entouré de beaucoup de monde. Le stress est au maximum. On va peut être être champions … du monde.

Dernière ronde contre des elfes pros de Yena. Un match en dents de scie. J’attaque mais il tire blitz ce qui lui permet de mettre énormément de pression d’entrée, mais il avait kické au fond et je lui sors directement son receveur dodge ce qui le mettre de mauvaise humeur je pense. J’arrive de façon chirurgical à frapper les bons joueurs aux bons moments, j’arrive à me retenir de frapper les mauvais joueurs et privilégie la stratégie globale à des petits gains trop risqués. Tout se passe plutôt bien.

Mais qu’est ce que c’est que ça ? quel est ce murmure qui gronde derrière nos chaises. C’est .. quoi qu’est-ce que ? … toute la communauté française est derrière nous. Une cinquantaine de coach se sont réunit en plein milieu de la ronde et scandent à tue-tête « l’amicale ! l’amicale ! l’amicale! » Une flash mob improvisée par Longshot et qui booste notre moral tout en plombant celui de nos adversaires. C’est à ce moment qu’on est content d’être français.

Mais les elfes étant ce qu’ils sont malgré la myriade de baffes, la fosse qui se remplit et la balle qui tombe plusieurs fois, je ne peux pas faire de défense suffisamment serrée pour l’empêcher de marquer au dernier tour. Match nul pour moi. Et victoire pour l’équipe ça se joue à un mouchoir. Mais toute l’amicale du push push a donné son maximum. Même ceux qui ont pris le feu.

Au final on gagne la ronde, on gagne le plus gros tournoi de Bloodbowl de qu’il n’y ait jamais eu. On est champion du monde.

Du coup je re remercie Thomas qui m’a appelé il y a quelques mois. Et toute l’équipe qui a donné tout ce qu’il fallait malgré les déboires et malgré le sang dans le nez.

Thomas « Bibi » Réal

Jérôme « Justicium » Legris

Mathieu « Karaak » Querré

Damien « Grosnain » Querré

Mathieu « Matt_le_fou » Ferreira

Merci à vous pour ce titre. On est les champions pour au moins 4 ans.


MT180

Après avoir difficilement tiré le cordon bricolé pour ouvrir la portière du taxi nous voici au pied du Grand Théâtre de Dakar. Il est bientôt dix-sept heure trente et nous sommes tous les trois à venir voir la finale internationale de Ma Thèse en 180 secondes. C’est la première fois que nous allons assister à cet exercice de style et Barbara une collègue de Céline s’est jointe à nous.

Depuis l’extérieur du bâtiment, la grande place est presque vide, mais deux files s’offrent à nous. Obéissant à la loi de Murphy des supermarchés nous prenons aléatoirement une des deux qui s’avère être la moins rapide. L’attente n’est pas très longue car il s’agit en faite juste d’une rapide fouille des sacs et contenants. Mais sans zèle et tout à fait négociable. Ainsi la gourde en métal de Barbara n’est pas confisquée. Un petit tas d’effets personnels nous dévoile le processus aléatoire de la fouille. Il contient d’autres objets a priori moins létaux, comme des peignes en plastique, des miroirs ou coupe ongle pour poupées. Mais au moins on voit que la sécurité est là et les gardes ont des beaux uniformes qui inspirent crainte et respect.

Mais alors pourquoi ça s’appelle « le Grand Théatre de Dakar » ? Et bien parce que il est à Dakar déjà. Et c’est un grand théâtre, très grand. Pour souligner ou pour contraster cette taille, un portrait du président Macky Sall est accroché dans le hall et fait figure de timbre poste collé sur les immenses balcons donnant accès aux gradins.

Deuxième étape de la file, il faut récupérer un jeton qui permettra de voter pour son candidat favori. Nous suivons le mouvement de la foule et empoignons chacun un jeton. Je passe sur la coupe en plastique d’eau Casamançaise parce que si c’est pour la jeter par terre une fois terminée, merci mais non merci.

Nous suivons toujours le flux de la foule hétéroclite en direction de la salle, des étudiants à chemise blanche et cravate rouge, des groupes plus « fashion », quelques spectateurs un peu plus routard. Et c’est au détour d’un escalier que Céline est interpellée par ce qui semble être une organisatrice. Elle est bien apprêtée et flanquée de deux hommes de la sécurité.

« ha non vous, vous passez par là ! »

Surprise incompréhension, mouvement de foule. Il faut réagir vite car une question est enchainée.

« vous représentez quelle institution ? »
« le Lycée Jean Mermoz …  » répond Céline sans hésitation notable
et d’enchainer « mais on est trois ensemble…  » en désignant Barbara et Lucas. Ni une ni deux nous voilà en train d’emprunter le chemin réservé au VIP pour accéder aux premiers rangs de la salle.

Pour prendre toute la mesure de la surprise et de la méprise, il est important à ce niveau du récit de faire une description de nos accoutrements. Nous sommes tous les trois en mode plutôt « routard ». T-shirt New York et jean daté pour Lucas. Un haut propre mais bien ample et un pantalon tout à fait quelconque pour Céline. Barbara ne détonne pas non plus avec son t-shirt de prof. Au niveau des accessoires Céline porte un magnifique sac de course bleu qui a traversé les âges avec nous.

Mais bon on va être bien placés … alors faisons juste profil bas … en essayant de réprimer les macro-expressions sur nos visages. Surprise incompréhension, interloquage et rire…

Nous voici en bas de la salle et nous n’avons pas vraiment le temps d’analyser l’emplacement optimum qu’une ouvreuse interpelle encore Céline d’un ton assuré:
« ha c’est bien que vous ayez pu venir ! »
Si j’étais sur une chaise j’en serais tombé d’étonnement tellement l’assurance de l’ouvreuse ne laisse aucune place au doute. Et d’enchainer:
« voila c’est par là, vos copines sont installées au bout là-bas ». Si j’étais assis sur une autre chaise j’en serais aussi tombé d’étonnement.

Nous nous engageons donc dans une rangée au bout de laquelle un écriteau « réservé » nous sous-entend que nous ne devrions pas être là. Nous continuons un peu pour lire les écriteaux latéraux qui sont encore plus intransigeants : « corps diplomatique ». Retour au centre alors, là il n’y a pas d’écriteau sur la rangée, il est tombée donc c’est bon. Nous nous plaçons au centre. En attendant l’heure de début nous observons de part et d’autre afin de voir si il n’y a pas une sosie de Céline avec un badge officiel qui viendrait nous expulser. Mais rien. Chance pour nous il y a tout de même beaucoup de place et elles ne sont pas numérotées.


Hivernage

Ce matin, on a eu droit à un gros orage.

Voici la route après la pluie.
Puis un arc-en-ciel …

Et enfin, le soleil !

De retour à Dakar

Nous sommes de retour.

On ne reviendra pas sur l’aéroport qui n’a rien de différent des aéroports européens. Et comme nous arrivons de nuit on ne peut pas vraiment s’amuser. Donc c’est samedi matin que commence le vrai jeu de memory des sept différences.

Alors une facile c’est qu’il fait plus chaud. Le taxi a habillement mis la clim mais on l’avait déjà senti, on prend quelques degrés par rapport à Besançon.

Après on s’attendait à une invasion biologique dans notre maison mais il n’en est rien. Ni les fourmis qui nous avait dit au revoir d’un rire sardonique en juillet, ni les cafards qui nous avaient souhaité la bienvenue il y a un an. Aucune de ses deux factions n’ont déjoué notre barrière d’acide borique, de baygon et de javel.

Il y avait aussi la crainte des fortes pluies. Par effet papillon on craignait des coupures soit électricité, soit eau soit les deux. Les dégâts matériels n’étaient pas à craindre car nous habitons au deuxième dans une rue en pente donc si l’eau avait atteint ce niveau c’est que la fonte des glaces était terminée et donc les problèmes seraient d’un tout autre ordre.

« Et là en bas ? » « c’était goudronné non? » « c’est toujours goudronné … mais dessous ». Tels des archéologues de (notre) salon nous voyons la coulée de terre qui a envahi la route. Nous donnant une idée de l’intensité des fortes pluies.

« Et au coin de la rue ? » « ça brille et c’est chatouillant… » « c’est une nouvelle boulangerie, c’est ouvert tu penses ? » « à en juger par les grosses grilles menaçantes je dirais pas maintenant en tout cas. » Et voila déjà un nouveau point à explorer. Au pied du bâtiment qui semble habité uniquement par des blanchisseries d’argent, le « passage gourmand » prétend vendre des boulangeries viennoiseries, … des petits gâteaux à tout moment .. mais pas maintenant.

Au coin de la rue aussi où les bulldozers de désencombrements ont fait du vide, des bacs à fleurs ont été disposés. A l’intérieur les plantes sont encore timides mais ici tout va vite.

C’est donc encore beaucoup de surprises et de découvertes qui nous attendent. On sortira et on ira voir tout ça, mais pas maintenant il fait beaucoup trop chaud et on perd 2 litres d’eau rien qu’en tapant cet article.

S1:E24 – Are you madd ?

Précédemment dans 5189 bornes…

 » On espère qu’à Dakar, la douche se situe dans la salle de bains. … « 

 » … La semaine prochaine, c’est Tabaski … « 

« .. Réponse A: je passe … »

 » …. ce sont les quatre stères de papier qui trônent contre un pan de mur, attendant peut-être un rangement plus ordonné. … »

« … il faut avoir un bon moteur et accélérer pour pas que l’eau rentre dans le pot d’échappement … »

« … Vendredi, on a la première soirée de l’Amicale. Cela permettra peut-être de faire plus amples connaissances… « 

« … C’est lui qui s’en occupe. Son nom c’est monsieur Ly … « 

« … Hi, it’s Brenda … »

« … En voyant leurs têtes, je me rappelle qu’on est en plein Ramadan ! « 

« … il y a même un marchand assis sur son propre présentoir pour ne pas gêner le passage … »

Dimanche 18h, la lumière mordorée du jour inflige encore un éclairage saturé à la table autour de laquelle Lucas et Céline sont assis.

Céline: « Alors ?… »

Lucas: « Je sais pas trop, on a vraiment pas l’habitude … et toi? « 

Céline: « C’est un peu comme les quenettes, mais plus astringent »

Céline replonge la cuillère au cœur du fruit orange et marron pour en extraire un autre noyau, gros comme une olive, enrobé de chair orange filamenteuse et gluante.

« mmh oua bon on ‘a peu’ ète’ ‘a manher le deuyeme au’ourd’hui »

Ce fruit c’est du madd. Un fruit qui nous rappelle que l’on est loin d’avoir fait le tour de toutes les nouvelles saveurs du pays. On a encore beaucoup de choses à découvrir.

Il nous reste une semaine ici pour tout empaqueter pour les vacances. Fermer hermétiquement toutes nos denrées restantes pour éviter que les squatteurs arthropodes viennent faire une rave party de un mois dans notre appartement.

Il est possible qu’on écrive des articles pendant les vacances quand même. Mais cette semaine c’est la fin de la saison 1.

N’hésitez pas à nous dire dans les commentaires si ça vous a plu et si on doit continuer ?

Bonnes vacances à tous nos lecteurs.


Street Food

Hier soir, nous nous sommes déplacés à l’institut français où une soirée Street Food était organisée dans les jardins.

Le Sénégal jouant contre l’Algérie lors de la CAN, nous sommes partis pendant le match en espérant que tout le monde regarderait celui-ci. Bien vu : les routes étaient presque désertes et à notre arrivée au Plateau (quartier de Dakar), des grappes d’hommes regardaient la rencontre sur le trottoir quand une télévision dans un magasin la diffusait.

Nous avons suivi la fin de la rencontre au Bideew (restaurant de l’institut) au milieu de supporters enthousiastes puis déçus par le résultat (Sénégal – Algérie :  0 – 1).

La soirée doit débuter à 19h mais commençant à connaitre les habitudes du pays, nous décidons de nous attabler pour boire un apéro. Encore une fois, notre instinct fut bon. Après le 1er verre bu, le chef cuistot, responsable de la soirée, annonce que celle-ci commencera avec « un peu de retard » suite au match. Nous reprenons un 2ème cocktail. Lucas finit le sien avant moi et part en éclaireur.

Un premier tour des jardins lui permet de voir différents stands qui vendent de la nourriture.
Mais comment payer ?
Il faut convertir nos billets d’entrée en petits coupons bleus sur lesquels sont inscrits, à la main, les montants 100 ; 500 et 1000 cfa. Autant dire que convertir 100 en 1000 est très facile mais tout le monde semble honnête.

Nous voici en possession de nos coupons. Le nombre de clients est conséquent et les files s’allongent. Nous décidons de nous séparer. Assez rapidement, j’obtiens une ration d’agneau. Je ne me suis pas inquiétée du nom du plat car j’ai faim. Je retrouve donc Lucas dans la longue file des brochettes et nous partageons ce 1er met.

Malheureusement, il n’y a plus de brochettes. Je reprends la place de Lucas, qui, lui, se déplace dans la file des beignets. Après quelques minutes, des brochettes arrivent et un homme vient vers moi et me demande :  « Tu es là depuis combien de temps ? ». Je lui réponds : « Très longtemps »….
Afin d’éviter qu’il ne me passe devant.
Il tient un gobelet et me dit « Goûte ça ». Ni une, ni deux, je bois un gorgée du liquide sans avoir aucune idée de ce qu’il contenait. Il me demande ce que j’ai reconnu et je lui réponds : « la graisse de l’agneau »  (c’est le plat que nous venions de manger ). Il me dit : « c’est ça ! » et là, je crois que j’ai obtenu son respect. Il repart.

Pendant ce temps-là, les brochettes sont cuites mais destinées à des personnes qui était devant moi. Résultat : je suis le bec dans l’eau. La personne devant moi demande s’il en reste. La réponse est vague : « oui là-bas » pour un cuistot et l’autre ne dit pas non mais cela y ressemble. Tout ça en wolof (la traduction est faite par mes voisines). J’attends et j’aperçois Lucas qui attend aussi. Pas sûr que nous mangions beaucoup ce soir.

Soudain, l’homme qui m’avait fait boire sa soupe réapparait et me dit :

  • Tu es encore là ?
  • Oui, je ne sais pas s’il y a encore des brochettes.
  • Faut pas attendre comme ça. Regarde !

Et là, il se met à parler de façon convaincue au cuistot en wolof et à la fin me dit « viens ». Je comprends que les prochaines brochettes ne sont pas prêtes d’être cuites.

Je le suis à un autre stand et lui donne un coupon de 1000 cfa. Et là, j’ai eu une démonstration de comment couper une file de 10 personnes sans que personne ne râle.

Les clients attendent sagement assis autour de la gamelle d’où sortent des brochettes d’agneau. Djibril, le Malien, ne respecte pas du tout cette organisation. Il se plante à côté du chef et lui demande une portion. Quelques personnes disent qu’il faut respecter l’ordre. Il dit qu’il était là avant. Le cuisinier sert les personnes qui avaient déjà payé. Les négociations continuent. Il se retourne et me dit : « ca va pas être facile ». Je lui réponds : « c’est pas grave ! ». Et là, il me dit : « je vais y arriver ! ». Ok, laissons faire et observons.
2 hommes, un Sénégalais et un Français, ne se laissent pas avoir mais finalement, j’obtiens ma portion juste après eux. Incroyable ! Je remercie Djibril à qui je donne un morceau de mouton et repars toute heureuse vers Lucas pour partager ce plat obtenu de haute lutte.

Pendant tout de temps de la négociation, je me suis un peu « cachée » pour ne pas me faire rabrouer et observer la technique.

Dernière queue : les beignets dougou qui semblent eux aussi arrivés sur leur fin. Nous discutons avec nos voisines, qui réduisent les quantités demandées, pour partager avec le maximum de gens. Nous obtenons nos beignets dans les derniers car la pate est épuisée.
Nous dégustons notre dessert avec gourmandise en nous déplaçant vers la sortie.

C’est à ce moment-là que nous croisons Soizic, prof d’histoire-géo à Abidjan, que je connais grâce à FerMUN lors de la conférence à Genève. Le monde est petit.
Bref, elle envisage une conférence MUN à Abidjan en 2021. Pourquoi pas y aller avec le lycée de Dakar ? Inshallah !

Immersion

Pour faire de la bonne cuisine il faut aller dans un bon marché. Juste pas très loin de chez nous il y a le marché de Ouakam. Je m’y étais aventuré une fois mais j’étais bien resté en surface. Je n’avais observé que la partie visible de l’iceberg africain qui se terre sur la rue OKM 99. Cette fois nous y retournons avec Margot qui nous donne un cours de cuisine.

Introduction

Cette partie visible brutalise déjà les habitudes trop prudes de nos marchés occidentaux. On commence en souplesse avec des étals de tissus ou linges. Posés à même le sol, les acheteurs font eux-même la recherche des articles sans réellement altérer l’ordre chaotique de la pyramide. Ensuite une demi-douzaine de poulets entravés, posés à même le sol vous dévisagent du bas de toute leur arrogance.

Ablution

Puis viennent des bâtisses en dur. Supposées en dur car les ustensiles en tous genre sont accrochés partout. Il est facile d’imaginer qu’il n’y a pas de stock. C’est là que l’on trouvera des pilons, des marmites, mais aussi des calculatrices, des tongs, des lampes torches des cure-dents et probablement pleins d’autres trésors dont l’utilité été enterrée avec la poussière qui les recouvrent. Si l’on continue le long du trottoir on pourra aussi trouver de nombreuse denrées alimentaires comme des condiments et des poissons. Les poissons sont à l’air libre et dans des sots. Ils semblent frais. Les volées de mouches sont parfois limitées par l’usage d’un martinet en papier.

Perdition

Nous prenons alors la contre-allée. C’est là que ma connaissance de l’endroit s’arrête. Margot demande son chemin en wolof et nous déambulons dans des coursives étroites flanquées de part et d’autres de « boutiques » plus ou moins odorantes. Virage à gauche, à droite et nous voila déjà perdu dans ce dédale. Il n’est pas possible d’avancer à deux de front et les gens ne sont pas du genre à céder le passage. Nous sommes donc très contents d’y être allés pas trop tard et que la densité démographique soit encore supportable. Là encore quelques marchandes de poisson ont des point de vente, mais on sent bien que ce n’est pas le bon endroit.

Optimisation

Enfin une salle plus grande. Le plafond est plus haut, une douzaine de poteaux en béton disputent leur âge et leur couleur a des banderoles Adji et Doli. Ces deux marques de bouillon de cuisine ont probablement sponsorisé l’ouverture du marché il y a plusieurs ères de cela. Un escalier branlant donnant probablement sur rien est aveuglé par des grandes bâches de tissu. Dans cette enceinte, les ruelles formées par les étals sont aussi étroites que les coursives que nous avons quittées. L’espace est entièrement optimisé pour avoir de la place pour vendre. Tant et si bien qu’il y a même un marchand assis sur son propre présentoir pour ne pas gêner le passage. C’est ici que le poisson est le plus à même d’être acheté. Non pas qu’il soit dans des bacs de glace, mais bien moins moucheté. Et il doit bien y avoir du débit car on pourrait s’attendre à une odeur insoutenable vu la quantité d’étals de poisson. Petits, gros, pointus, ronds, sur le ventre, sur les autres, vidés, à la découpe, toute la poiscaille s’est donné rendez-vous ici.

Et c’est une affaire de femmes. En effet la plupart pour ne pas dire tous les poissonniers sont des poissonnières. Et la plupart pour ne pas dire tous les clients sont des clientes.

Transaction

Pour toutes les transactions nous laissons Margot à la barre des négociations. Ainsi il en fut pour le poisson. Un thiof pour 5000CFCA. C’est un prix tout à fait correct d’après elle. Car à Ziguinchor il monte facilement au dessus de 7000CFCA. Elle négocie également tous les ingrédients dont nous avons besoin. Nos pièces disparaissent les unes après les autres en échange d’oignons prédécoupés, de manioc, du tamarin, bissap blanc, un morceau de lambi (ça se prononce « yep » ici), courgette plate, poisson sec quelques cubes maggi, persil, persil chinois etc…

Conclusion

Avant de rentrer il est important aussi d’acheter un ustensile. Notre frêle pilon-et-mortier a rendu l’âme. Brisé en pleine action, le pilon s’est irrémédiablement fendu. Cela fait un moment que nous devions donc en acheter un autre. Et nous savons d’expérience que pour le thieboudiene c’est pratiquement indispensable. Alors Margot continue son rôle de négociatrice trouve tout. Le premier vendeur est largement en dehors du prix du marché. Il est débouté d’un « han han » sec à l’antillaise qui sonne exactement comme maman. C’est sur le retour, à la surface du marché et une fois Céline subtilement embusquée afin de paraitre le moins toubab possible, que Margot arrive à décrocher un prix raisonnable de deu-mil sink’-san. Auquel il faut toujours ajouter un délai de cinq à dix minutes pour trouver la monnaie parce que évidement il ne nous reste que des grosses coupures.

Restauration

Nous ne dévoilerons pas ici l’ensemble de la recette du tiéboudienne (ni son orthographe exacte apparemment), sauf si vous le demandez dans les commentaires. Mais on vous laisse quand même avec une photo.


Bourde

Dernière fois que je vois ma classe de TS.
Quelques élèves restent à la fin du cours un peu inquiètes. Elles me montrent leurs plannings. Je leur indique qu’ils semblent cohérents.
Pour terminer, je leur donne mon dernier conseil :
« Dormez bien et mangez bien ! »
En voyant leurs têtes, je me rappelle qu’on est en plein Ramadan !