Nouvelles frontières

Nos amies Liselotte et Sylvie sont arrivées dimanche. A l’aéroport nous nous installons pour les attendre. Points de croix, carnet à dessins, bien calés dans nos fauteuils, prêts à subir une attente de magnitude 6. L’écran annonçant les arrivées n’annonce pas grand chose. Une dizaines de noms de ville, des heures prévues et une colonne noire. Un seul vol semble avoir un horaire d’atterrissage. Heureusement le message contradictoire de Lise nous permet de réaliser que le panneau ne donne l’information que pour les vols qui ne sont pas à l’heure

« les filles j’espère que vous êtes prêtes pour l’aventure parce que ça commence maintenant »

  • les élections ont lieu dimanche donc on ne pourra pas changer de région le week end.
  • on vient de lire un article qui prévoit des coupures d’électricité sur Dakar pendant la semaine
  • on fait sauter la journée au parc des oiseaux parce qu’on n’a pas pu contacter les responsables du gite bien situé

Des problèmes d’envergure assez modérée, mais juste de quoi rester en alerte. En contre partie notre bonne étoile nous accompagne sur la route. D’abord nous croisons, pour la première fois à tous, des chiens qui marchent bizarre du bassin parce qu’ils se sont fait percutés mais qui sont en fait des singes. Pas vraiment le temps de les observer car nous sommes sur la route mais tout de même une bonne surprise. Ensuite nous arrivons juste après la chute d’un bus tata coloré mais bien crashé sur l’autoroute. L’accident venant de se produire, nous ne subissons qu’un ralentissement qui ne manquera probablement pas de se transformer en embouteillage interminable pour les automobiliste moins chanceux passant plus tard.

Le lendemain nous laissons nos deux invités dormir tandis que nous allons engager un pingpong administratif de haut vol à la police des étrangers pour obtenir ma carte de résident. Les 7 stères de dossiers ont été « rangées ». Et en voyant cet alignement de paperasse haut comme deux hommes et large comme quatre, je ne peux m’empêcher d’imaginer que c’est à cela que ressemble une base de données vu de l’intérieur d’un disque dur. Sauf qu’ici aucun bras articulé, ou non, ne viendra répondre automatiquement à une requête. Cette matinée mériterait un article à elle seule. Mais dans les grandes lignes il faut savoir que arriver tôt permet d’avoir l’assistance du supérieur et ainsi de limiter la quantité de papier qu’il fallait ajouter « au cas où parce que je suis pas sur que ça se passe comme ça ». Il faut noter que tous les taxis ne sont pas au courant qu’il y a un deuxième samu dans la ville et qu’il est exactement à côté de la caisse de dépôt et consignation. Que cette caisse de dépôt est rébus-ifiée à l’entrée car on y a déposé des caisses. Et que l’état des sanitaires d’un bâtiment n’est absolument pas corrélé avec son apparence extérieure.

Bref j’ai le petit papier et un jour j’aurai le récepissé. Et une légende urbaine prétend que l’on devrait obtenir une carte de résident avec, mais apparemment personne n’a vécu assez longtemps pour l’obtenir et la montrer.

Inutile de dire que cette demi-journée de séquestration de nos deux hôtes n’était pas prévue. Aussi nous sortons l’après-midi et montons jusqu’au phare.

Les lecteurs les plus assidus savent que l’on a déjà testé la balade. Ajouter à cela la simplicité du trajet. Et nous arrivons sans soucis au bout de l’unique chemin. Bien goudronné et tout à fait accessible il n’est tout de même pas très fréquenté. Quelques sportifs courageux essayent de fausser nos statistiques en nous croisant une fois en montant et une fois en descendant. Et le monde animal n’est pas encore complètement exclu de l’anthropocène. Nous croisons un reptile qui selon le point de vue ressemble à un gigantesque crocodilien bavant et sifflant sa soif de chair humaine ou à un pacifique lacertidé qui ne diffère de ceux de nos contrées que par la forme triangulaire de sa tête. Nous apercevons au vol des amarantes, un calao, des tourterelles du Cap et des busards.

Après avoir été délestés de quelques francs cfa nous suivons la visite guidée jusqu’en haut de l’édifice. Là trône une machine d’un autre âge. Le temps ne semble pas avoir vraiment fait son œuvre sur cette mécanique d’un autre temps dont les plus anciennes générations ne connaissent pas les secrets… une tour d’ordinateur avec un lecteur de disquettes…

Un étage au dessus l’ampoule du phare engoncée dans un écrin de verre et de cuivre. Après quelques photos nous pouvons redescendre et nous apprêter pour notre sortie du soir.